Le Blog de GUICLAN AUTREMENT

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Les raisons d'une défaite annoncée!

 

Quand début 2015, Raymond Mercier confirme sa candidature, évoquée dès l’automne 2014, aux Elections Départementales, le boulevard conduisant à sa réélection est grand ouvert. La gauche n’est pas au mieux au plan national. Le redécoupage du canton de Landivisiau est plutôt favorable à la droite avec Landivisiau et une majorité de communes léonardes considérées comme plus conservatrices que celles du secteur « montagne ». Peu avant la mi février l’annonce de la candidature de Jean Marc Puchois , le très médiatisé maire de Lampaul Guimiliau associé à Elisabeth Guillerm ex première adjointe à Guimiliau change complètement la donne.

Les résultats du premier tour mettent à égalité les tandems Mercier-Portailler et Guillerm-Puchois avec 25% des voix. La gauche divisée et écartelée autour de son impossibilité à résoudre l’équation multi dimensionnelle de la centrale à gaz n’arrive qu’en troisième position avec le tandem Bléas-Estrabaud  à 21% des voix! L’analyse de ces résultats démontre clairement une dynamique autour des candidats sans étiquette, alors que les encartés UMP sont à la peine dans plusieurs communes, y compris la ville centre de Landivisiau et surtout sans réserves de voix. Les dés sont pratiquement jetés !

Les résultats du second tour le confirment. Jean Marc Puchois et Elisabeth Guillerm l’emportent haut la main avec près de 64% des voix, balayant au passage les estimations les plus optimistes en leur faveur. Raymond Mercier, Christine Portailler, Jean Jezequel (remplaçant) maire de Plougourvest sont mêmes battus dans leurs communes respectives. Seule Viviane Pluchon (remplaçante) et maire de Plouzévédé tire son épingle du jeu sur son territoire.

Alors, tentons de réfléchir aux « vraies » raisons d’un tel échec pour les uns ou d’un tel succès pour les autres.

Une mobilisation des électeurs socialistes et un bon report de voix.

Manifestement les électeurs socialistes favorables au binôme Bléas -Estrabaud se sont très majoritairement mobilisés au second tour et leurs voix se sont quasiment intégralement reportées sur le tandem Guillerm-Puchois. Les résultats sur la commune de Guiclan et  les ex communes du canton de Sizun (malgré une légère érosion de la participation) : Sizun, Commana, St Sauveur, Locmélar en sont des exemples probants. Le positionnement politique (ou apolitique !) des vainqueurs a-t-il joué face un candidat encarté UMP ? A une droite conventionnelle et vieillissante, les électeurs de gauche ont-ils préféré un centre droit plus moderne et plus ouvert ? Sans aucun doute !

 La débâcle dans la ville centre de Landivisiau.

Distancés de quelques 60 voix (2%) au premier tour par Guillerm-Puchois, le tandem Mercier-Portailler s’est littéralement écroulé au second tour avec 700 voix de retard sur leurs concurrents ! Des électeurs PS (majoritairement),  FN, mais aussi de la liste Horellou-Turlan  se sont donc prononcés en faveur du maire de Lampaul et de sa colistière. L’inexpérience et le relatif effacement durant la campagne de la candidate locale, Christine Portailler peuvent-ils à eux seuls expliquer cette débâcle ? S’ils sont un élément de réponse, n’oublions pas le contexte landivisien « turbulé » par la liste de Jean René Kerrien lors des dernières municipales ! N’oublions pas non plus le contexte particulier dû au projet de Centrale à Gaz ou les opposants brassent  (ou embrassent !) l’électorat  de gauche à droite ! Une chose est certaine, c’est aussi une défaite sans appel pour Laurence Claisse, maire, qui soutenait le binôme UMP Mercier-Portailler ! Une remise en question semble nécessaire ! Sinon ! De même à Bodilis  (Guillerm-Puchois 64%),  désaveu pour Albert Moysan maire et président de la CCPL qui lui aussi soutenait le binôme UMP.

L’incapacité ou la capacité des candidats à mobiliser les électeurs de leurs communes.

Si nous avons déjà évoqué l’incapacité des candidats de l « Alliance pour le Finistère » à gagner dans leurs communes respectives, il ne faut pas oublier le score « soviétique » réussi par Jean Marc Puchois dans sa commune (88%), celui Elisabeth Guillerm à Guimilliau (74%), ainsi que celui de leurs remplaçants dans leurs communes de St sauveur (77%) et de Plouvorn (67%) autre commune « poids lourds » du canton. Quand on n’arrive pas à s’imposer à domicile, il devient très difficile de gagner à l’extérieur ! L’adage s’est une nouvelle fois vérifié !

La « médiatisation » de Jean Marc Puchois au travers du drame GAD.

Il est indéniable que la crise de l’agro alimentaire et plus particulièrement la fermeture des  abattoirs GAD ont fortement impacté le choix des électeurs et conduit au résultat que nous connaissons. A la présence jugée insuffisante par les victimes de ce drame, du Vice président de la CCPL en charge du développement économique, s’oppose l’image d’un maire combatif, proche des salariés et omniprésent sur les médias. Qui ne se souvient de cette image, devenue icône, d’Olivier Le Bras (et son crucifix) soutenu par Jean Marc Puchois, émus aux larmes, à la sortie du tribunal de Rennes qui vient de prononcer la fin des abattoirs GAD ? Cette image a largement franchi les frontières de Lampaul- Guimilliau. Un atout certain!

La personnalité des Candidats.

Force est de constater que l’image des deux candidates féminines a été « floutée » par les personnalités  des deux candidats masculins Raymond Mercier et Jean Marc Puchois. Les enjeux du scrutin se sont polarisés en un duel entre les deux hommes que tout oppose. L’un est un homme du terroir, chef d’entreprise et ardent défenseur d’une droite traditionaliste parfois intolérante est plutôt secret et peu communicatif. De plus la visibilité de son action au conseil général est inexistante ; ce qui ne veut pas du tout dire qu’il n’a rien fait ! Il n’a pas su valoriser son rôle de conseiller général pendants deux mandats. L’autre originaire du Nord, après des années de Marine Nationale atterrit en Finistère pour devenir formateur en Aéronautique. Une origine, un parcours et une culture différente qui font de lui un homme ouvert, communicatif, sachant maitriser les outils de communication et les médias. Nul doute que ces aspects subjectifs certes, mais indissociables de l’image projetée auront également été un des éléments déterminants dans le choix des électeurs.

A Guiclan…

A Guiclan ou le groupe d’opposition « Guiclan Autrement » avait clairement appelé à voter pour Guillerm-Puchois au second tour, la confrontation fut  plus âpre qu’ailleurs. En témoigne la plus forte participation du canton dès le premier tour,  encore améliorée au second tour pour venir tutoyer la barre des 70%. Par rapport aux Elections municipales de mars 2014, il faut noter la stabilité du corps électoral qui confirme que Raymond Mercier n’est pas majoritaire sur sa commune. Cette tendance plus affirmée dans les zones urbanisées  commence également à se manifester dans les secteurs ruraux. Une page se tourne, la mutation est en marche.

.../...

Jacques MEUDEC

A nos lecteurs : « Cet article n’a pas de prétentions particulières. Il s’agit de réflexions et de tentatives d’explications autour d’un résultat certes inattendu dans son ampleur, mais sans doute prévisible et prédictible au regard des éléments de terrain et d’analyse dont nous disposions. »



03/04/2015
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